STEENWERCK 59

C’est le quatrième crash-test. Notre titre est trouvé, on n’en change plus.


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       C'est déjà plein mais on va devoir serrer serrer serrer pour faire rentrer tout le monde



Les gens de Steenwerck, on les connait depuis le mois d’octobre. On a joué ici notre spectacle de lectures « Transports Etrangers » que l’on a tourné avec la Médiathèque du Nord. C’était une belle représentation dans la grange du Musée de la vie rurale et un super accueil. On a senti assez vite que l’on pourrait bien s’entendre et c’est pour cela que je les ai sollicités pour accueillir un crash-test.

Quelques explications pour ceux qui lisent de loin:

Steenwerck, c’est dans le Nord. Pas loin de Bailleul et des Flandres. Ca ressemble à la campagne qu’on voit dans « Quand la mer monte ». D’ailleurs, Irène, la géante du film, elle loge au Musée de la vie rurale. Jean-Pierre Renaux, c’est la tête pensante du musée. Il lui donne son côté très vivant, bien loin de l’endormissement que l’on peut rencontrer parfois dans ce type d’endroit. Des spectacles tout l’hiver dans l’estaminet où coule la Bénache, la bière du musée. Des animations tout l’été au musée.

C’est aussi le mari d’Edith, qui, elle, mène l’équipe foisonnante de la médiathèque de La Croix du Bac. La Croix du Bac, c’est un hameau de Steenwerck. Et donc ça fait deux médiathèques pour une même commune. C’est plutôt mal vu par les autorités compétentes en la matière. Mais à La croix du bac, ça résiste et quand on entre dans cette médiathèque, on comprend vite que ce lieu est hyper vivant, hyper nécessaire et hyper prompt à insuffler plein de vie dans ce bled. Tous les mardis, il y a apéro où on parle de tout, de plomberie, de concours colombophiles et des trois sangliers récemment tués par les chasseurs qui font passer les photos du dépeçage. Alors on en profite pour leur parler des bouquins de Rigoni Stern ou Pierre Pelot. C’est aussi simple que cela. Et pour tout vous dire, on y fume même des clops en toute fin de soirée. Oh comme ça fait du bien.

 

On prépare le crash-test pendant ces apéros. Le fait d’avoir une bonne dizaine de personnes à qui on peut parler du spectacle en amont va s’avérer capitale. Cela devient la base de la complicité que je vais pouvoir mettre en place avec la centaine de spectateurs. Et je vais pouvoir me servir de ces conversations à bâtons rompus pour en faire ressortir quelques pépites en public, comme le fameux métier de Germaine qui gagne sa vie, figurez-vous, en tant que « classificateur colombophile ».

Ils nous aiguillent sur des gens à interviewer et sur des « barons » possibles. Ils nous parlent d’un curé de Bailleul, qui nous fera un super Manzoni. Elie se laisse convaincre pour jouer Lacroix et Jean Pierre sera notre Villemagne, l’historien. Et d’ailleurs on va l’interviewer dans son musée. Et on va rencontrer Laurent avec qui on passe une bonne partie du début de la soirée au milieu de ces chevaux « Traits du Nord »:

 


"Le village d'à côté" - Steenwerck

On s’est donné de nouvelles pistes par rapport aux interviews. On abandonne nos quatre objets de références. On en propose bien plus en demandant de rebondir sur un de ces objets. Le but étant de laisser plus de liberté aux interviewés et de pouvoir les laisser partir sur un objet ou un sujet qui les touche plus particulièrement... On va voir Jules, un paysan à la retraite. Ce gentleman farmer très beau parleur nous fait un beau numéro avec la malédiction des chapelles :

 


La malediction des chapelles de Laventie

 

Côté écriture, on réduit encore le conseil et on se libère de son déroulement chronologique, ce qui nous permet de traiter la « crise » en premier, sous la forme d’une répétition de théâtre. On abandonne les lectures de textes. On intègre les compétences économiques d'Antoine. Et on s’amuse avec de nouvelles digressions, notamment autour de la comparaison entre ce qui peut nous toucher dans les peintures de Rothko et un but de Gourcuff…

On suit la piste du « plus crédible ». Je compte réellement les gens au début en essayant de réaliser de véritables statistiques. Mais je suis dépassé par le fait qu’il y a beaucoup plus de spectateurs que prévus. J’abandonne l’idée que nous avions de faire se déplacer les gens en fonction des réponses données à certaines questions. Du coup, l’entame s’étire un peu. Mais la suite sera beaucoup plus rythmée et le public va être très bon


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Une partie du conseil : Marie Louise la pharmacienne en pré-retraite, François Bourreau l’éleveur d’escargot « parce que c’est un élevage à taille humaine » dit-il

Djamel Mansour  le très intégré,  Sergio Manzoni le petit-fils d’immigré italien, un self made man

On aperçoit l’œil de François Lacroix, le fils de paysan qui n’a pas repris et qui est devenu professeur de linguistique

Et puis le maire, retraité de chez EDF, très investi dans le comité d’entreprise

 

 


On institue la fonction créée par Marcel à Etrepigney : celui du délateur. Ici, c’est Martine qui remplira très bien ce rôle. On essaie la fonction du « diable », « l’empêcheur de tourner en rond » que l’on confie cinq minutes avant de commencer à Edith. Evidemment, c’est une fonction qui demande davantage de temps de préparation alors ça ne marche pas vraiment pour l’instant. Un autre incident va beaucoup nous aider dans la complicité, c’est le fait que celui que Martine désigne pour jouer le passage de la pièce de Sarraute relève une faute de frappe sur la feuille que je lui donne : le mot susurrer a été malencontreusement remplacé par le mot « sursusurrer ». C’est une coquille mais le fait qu’il le relève et qu’il trouve que c’est « un comble » dans un texte de Sarraute -où chaque détail du langage est prépondérant- devient carrément hilarant.

Notre village d’à côté est Le Doulieu.

On invente de nouvelles légendes locales.

3 motte

On cherche désespèrément les traces de l'ancien château  juché sur la fameuse motte féodale


C'est encore un peu trop long. Et se pose la question de la place des enfants au milieu d’un spectacle très axé sur la parole. Mais on sent qu’on a fait un grand pas ici, que la fin commence à apparaître. Et la piste de la réflexion pseudo-philosophique par le biais du football nous amuse beaucoup.

Le fait d’avoir enchaîné deux crash-tests nous a permis de bien avancer. Pour le prochain, on a envie de pousser plus loin le travail en amont avec nos « barons d’occasions », notamment pour bosser sur la scène de « crise » du conseil et sur le rôle du « diable ».

Les prochains se feront peut-être cet été près de Chalon, au moment du festival. On vous donne des nouvelles bientôt.

 

 

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